Groupe d’information
Dossier sur le changement climatique
Fabrice Nicolino (2011) Qui a tué l’écologie ? Greenpeace, WWF, Fondation Nicolas Hulot, France Nature Environnement en accusation. LLL. Les Liens qui Libèrent.
Autres livres de l'auteur
Fabrice Nicolino (2009) Bidoche. L'industrie de la viande menace le monde. Les Liens qui libèrent, Brignon (Gard).
Fabrice Nicolino et François Veillerette (2007) Pesticides, révélations sur un scandale français, Fayard
L'Institution Hoover a chiffré l'aide de la Commission européenne à WWF et à 'The Friends of Earth' et a expliqué les manœuvres de la Commission européenne et l'aide des grandes ONG pour faire adopter le protocole de Kyoto.
C'est un livre sympathique, qui attaque les gens en place, y compris les défenseurs autoproclamés de la Terre. Dans la lignée de livres du genre: «Le Monde selon Monsanto» (M.M. Robin, 2008), l’auteur avait déjà dénoncé les dérives sur les pesticides et sur les circuits de la viande.
Ma revue du livre souligne un vice rédhibitoire : l’auteur a une vue faussée sur l’aspect technique de l’évolution du monde. L’auteur, journaliste, a une réticence contre toute analyse technique des problèmes de la planète. De ce fait, il emploie beaucoup de phrases à impact médiatique mais qu’on ne peut pas prendre au sérieux car les faits suivants manquent. L’agriculture industrielle fait vivre 2 fois plus de gens qu’avant la seconde industrialisation (1945). L’espérance de vie n’a jamais été aussi élevée dans le monde malgré les pesticides et l’industrialisation des circuits alimentaires. Comparez les niveaux de vie des paysans asiatiques et américains et même européens entre 1945 et 2011 : l’augmentation du pouvoir d’achat, qui permet d’éduquer les enfants et d’avoir de vrais loisirs, est liée aux progrès techniques, surtout de la chimie et de la disponibilité d’énergies en abondance.
Cette explosion de biens et de personnes qui en vivent est inquiétante car notre façon de vivre a du mal à s’adapter rapidement. L’auteur, au lieu de constater ce problème et de l’analyser, conclut d’emblée ainsi : « Pour ma part, j’en ai assez des jérémiades. Ou les équilibres de la vie sur la terre sont réellement menacés, et nous devons sans crainte abattre tout ce qui gêne la mobilisation générale. Ou bien il ne s’agit que d’une absurde alerte qui discrédite à jamais ses auteurs. Pour ce qui me concerne, je pense... que jamais l’aventure humaine n’a connu un tel péril. » Comme Karl Marx, l’auteur pense que l’action est préférable aux palabres : « Admettre qu’aucun changement radical n’a jamais réussi par la discussion et la persuasion. Reconnaître la nécessité de combats immédiats et sans retenue. »
Pourquoi le monde en est-il arrivé là ? L’auteur insère ses inimitiés personnelles en recherchant le responsable. « Cette technostructure est celle des grands corps d’ingénieurs qui ont en France le monopole de l’expertise technique…. Le désastre de l’agriculture industrielle, celui de l’eau, des transports et autoroutes, du nucléaire, de la forêt, l’assèchement des zones humides, c’est eux. Eux. » Par exemple, voici comment il ressent un discours technique : « Le polytechnicien Jancovici, au delà d’une infatuation un rien pénible, … ». « La vision ancienne de la protection de la nature l’a emporté. Celle des sociétés savantes et des professeurs. Celle du primat de la science – et de la technique – sur la politique et le combat. »
L’auteur, un ancien écologiste, et peut-être un militant convaincu, n'est pas vraiment sorti des croyances qui lui ont été inculquées durant ses années d’endoctrinement. Il a toujours une animosité viscérale contre le nucléaire, au point de considérer la déclaration suivante : « L’industrie la moins polluante, c’est l’industrie du nucléaire » (Rosine Bachelot, 2002), non pas comme une affirmation à discuter mais comme une déclaration si manifestement fausse qu’il faut douter de la santé mentale de celle qui l’émet.
L’auteur admet qu’il n’avait pas compris que la plupart des puissantes ONG n’étaient que des agences de relations publiques pour de grands sponsors industriels. Le livre de Engdahl W. (2007, Pétrole : une guerre d'un siècle, Jean Cyrille Godefroy, traduit de A Century of War (1992, 2004) Pluto Press, London.) avait déjà dévoilé que le WWF, dirigé par de riches chasseurs de gros gibier, dont de nombreux dirigeants des groupes pétroliers, était le porte parole de leurs politiques écologiques. « Toute l’histoire du WWF montre qu’il a partie liée avec les intérêts industriels les plus contestables. » Greenpeace est mise en accusation depuis longtemps dans la presse américaine mais pas encore en France. Le livre révèle que les ONG françaises, telles que le FNE, ne sont pas différentes et l’auteur a le courage de développer ce sujet brûlant.
L’auteur révèle les activités de gens bien connus en Amérique mais pas encore en France : « Maurice Strong, héraut mondial du capitalisme vert, dont les nobles figures de l’écologie parisienne n’ont probablement jamais entendu parler. Pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils sont. » Maurice Strong est parmi les architectes de « La mondialisation de l’économie, synonyme de destruction de la vie. » Maurice Strong a compris l’importance des relations publiques et il se présente comme un philanthrope : « Il est plus gratifiant tout de même, de se voir en philanthrope que de s’accepter en manipulateur ».
L'auteur semble s'étonner de ce que la plupart des dirigeants d'ONG qui ont aidé la croisade verte se voient récompensés par des emplois permanents de fonctionnaires.
L’auteur a de jolies formules, par exemple : « Le FNE, traversant ces années 1980 où le fric insolent déferlait, s’appuyant sur cet instrument de torture sociale qu’est la télévision ». Je n’ai pas les qualifications pour juger son analyse des jeux politiques de l'écologisme en France. Contrairement aux livres courants, il y a sutout des méchants et très peu de gentils.
Le journaliste devine que les écologistes sont aidés par des spécialistes de la communication qui jouent habilement sur les mots et font un « Holdup sur le vocabulaire. » Il explique comment le ‘développement soutenable’ est devenu le ‘développement durable’ qui s’applique pratiquement à tout projet industriel pour le faire financer par l’Etat. « J’attaque en fait cette immense coalition du ‘développement durable’ qui a intérêt à faire croire à des fadaises. »
L’auteur ne relève pas l’importance de l’information suivante qu’il cite incidemment, car il n’étudie pas pourquoi et comment cette immense coalition a intérêt à manipuler les gens. On lit : Parmi les « Avancées » du Grenelle 2 : l’objectif de 19 GW éolien raccordés en 2020. On estime que les promoteurs éoliens et ceux qui les aident peuvent se partager les bénéfices d’une installation de parc éoliens, de l’ordre de 0,3 M€ par MW éolien installé, soit pour 19 GW, plus de 5 milliards d’euros de profit, sommes qui seront automatiquement ajoutées aux factures d’électricité des futurs consommateurs. Ces profits sont petits par rapport à d’autres profits que les organisateurs vont tirer des marchés du carbone.
Comme tous les écologistes, l'auteur est contre les gaz de schistes (et le fracking qui permet de l'extraire). En raison de fuites de gaz naturel et des produits chimiques utilisés pour la fracturation de roches, cette méthode peut polluer les aquifères d'une zone. Des cas sont observés aux USA et, comme d'habitude, les promoteurs-extracteurs ne sont pas prêts à reconnaître leurs torts et à indemniser les victimes dont le terrain est devenu invivable. Le fracking présente donc les mêmes inconvénients que le nucléaire ou l'enfouissement de CO2 : des pollutions après accidents. On ne connaît pas encore le pourcentage des zones condamnées par cette pollution et les précautions que le prospecteur aurait dû prendre. On espère que les nouveaux puits de gaz vont rester bouchés et ne pas menacer de se rouvrir. Avec le nucléaire et l'éolien, on peut mesurer la radioactivité ou le bruit malgré des discussions sur la norme des limites dangereuses. Avec la pollution chimique ou celle qui remonte suite au fracking, la détection des nuisances est plus complexe et aléatoire.
Etant donné le besoin de pétrole et de gaz naturel (par exemple pour les centrales de backup de l'éolien qui doivent fournir de 70 à 80% de l'électricité de la production mixte: éolien plus turbines à gaz), va-t-on pouvoir longtemps empêcher le fracking? Cela dépend des risques après exploitation, encore fort peu connus. Remarquons que le fracking serait moins nécessaire si le nucléaire était mieux développé. Il ne faut pas se cacher que l'éolien, c'est moins de 20 à 30% de renouvelable et le reste du combustible fossile, charbon ou gaz naturel.
Il faudra plus que ce livre pour que les spectateurs passifs des télévisions soumises à la coalition verte puissent enfin se mettre à douter des fadaises qu’on leur raconte à longueur de journée mais ce livre courageux s’inscrit dans la bonne ligne, bien que je n'approuve pas les moyens violents et le dédain des connaissances techniques.