Groupe d’information sur les éoliennes (La Roche-en-Ardenne) 

 Dossier sur les coûts et les nuisances des éoliennes 

 

Les facteurs de conversion des kWh caloriques (kWhc) en kWh électriques (kWhe) dépendent de conventions arbitraires.

Comment les statistiques sont utilisées pour des politiques énergétiques

Conversion d’énergie calorique en électrique

Conventions arbitraires pour la conversion des kWh

      L’AIE (Agence internationale de l’énergie) publie les statistiques de l’énergie. Elle doit utiliser des trucs pour harmoniser différents types d’énergie (hydraulique, éolienne, nucléaire, et provenant des combustibles fossiles). Les facteurs de conversion des kWhc caloriques en kWhe électriques dépendent de conventions arbitraires. La page donne une grille de lecture pour harmoniser les statistiques énergétiques. Les difficultés sont les suivantes :

  1. Le taux de conversion dépend du rendement de la centrale électrique (de 25 % à 55 %). Ce rendement n’a pas de sens pour l’hydraulique, le vent ou le solaire.
  2. Le nucléaire utilise une source d’énergie thermique radioactive et optimise d’abord la fiabilité et la sécurité, ce qui, combiné à un faible coût du combustible, entraîne que le rendement a peu de signification et d’importance. (Le rendement conventionnel est de 33 %).
  3. Suivant certains types de statistiques, le nucléaire produit 6,2 % tandis que l’hydraulique produit 2,2 %. D’autres statistiques (publiée à des pages différentes du livret AIE) montrent que l’hydraulique produit 6,6 %, soit plus que le nucléaire.
  4. La cogénération ne peut délivrer son bon rendement électrique (de l’ordre de 80 à 90 %) que quand un réel besoin de chaleur est nécessaire (pour 7 % de l’énergie).
  5. Alors que le coût de transport de l’énergie par pipelines ou gazoducs est négligeable, le coût du transport (investissements et pertes en lignes) de l’électricité - sur des circuits HT plus longs requis par l’éolien - est important et provoque des pertes supplémentaires.
  6. La comparaison en kWhe est faussée si l’on ne tient pas compte du caractère intermittent de la fourniture car cela nécessite des capacités de réserve. Des centrales d’appoint thermiques doivent être préchauffées pour être prêtes à fournir immédiatement du courant. Elles consomment ainsi de l’énergie sans en produire. Si la capacité de réserve virtuelle coûte 30 % de la fourniture réelle (investissement et fuel de réchauffage) et que la gestion d’un réseau renforcé pour l’intermittent coûte le double de celle d’un réseau normal (coût de gestion et de distribution HT ajouté à celui de la production), la valeur de l’énergie intermittente est la moitié de celle de l’énergie de base.
  7. Le stockage de l’énergie électrique dans des stations de pompage et des barrages entraîne une perte de rendement (30 % de pertes).

      Les rapports du GIEC tiennent compte de ces anomalies en ajoutant d’énormes pertes (de l’ordre de 67 %) pour la production d’électricité. Cette logique les amène à introduire aussi d’énormes pertes pour le transport (conversion de calories du pétrole en énergie mécanique dans les moteurs).

Statistiques de l’AIE pour 2008

      La suite suppose que les kWhe de l’hydraulique, de l’éolien et du nucléaire sont convertis en kWhc avec un rendement conventionnel de 33 %.

     En page 37 du livret de statistiques (données 2006), on emploie, après conversion de l’hydraulique, 4087 MTep (2681+1406) pour produire 1406 Tep d’électricité mesurée en kWhe.

      Si l’on suppose qu’un tiers de l’énergie de cogénération sert à produire l’électricité, la production totale d’électricité est de 1406 + 317/,3 = 1511 Tep qui sont convertis en kWhe avec le facteur 11,6 soit à peu près 17470 TWh, ce qui correspond à la valeur bien comptabilisée de la production mondiale d’électricité. Le rendement moyen de tous les types de production d’électricité (cogénération incluse) est ainsi de 39 %.

     D’après la page 37, la répartition de la production électrique est pour le monde entier (valeurs OECD entre parenthèses) :
-    Charbon : 44 % (39 %)
-    Pétrole : 6 % (4 %)
-    Gaz naturel : 14 % (14 %)
-    Nucléaire 18 % (29 %)
-    Hydraulique : 19 % (16 %)

     Au total, le monde produit de 37 % à 45 % (OECD) de l’électricité sans émissions de GES. Si l’on remplaçait le charbon par du nucléaire, les émissions de GES dues à l’électricité seraient vraiment négligeables.

      D’après la page 6, la consommation d’énergie primaire (et, entre parenthèses, sa part dans la production d’électricité) est :
-    Charbon : 24,9 % (10 %)
-    Pétrole : 33 % (1 %)
-    Gaz naturel : 19,6 % (9 %)
-    Nucléaire 5,9 % (5,99 %)
-    Hydraulique : 6,3 % (6,3 %)
-    Renouvelable (biomasse) : 10,2 % (1 %)

        33 % de l’énergie primaire (dans le monde) sert à produire de l’électricité.

     Si 1 % du renouvelable venait de l’éolien en 2012, il faudrait 5 % de centrales thermiques d’appoint (facteur de charge venteux de 20 %). Cela est près de la limite indiquée de 9 % mais pourrait être utilisé dans les pays n’ayant pas l’infrastructure et la culture technique pour faire fonctionner de façon sûre des centrales nucléaires. Ces pays ont normalement de meilleures solutions en développant l’hydraulique ou le solaire.

Implications pour la politique énergétique

      Quand on mélange les énergies caloriques et électriques, les différences vont de 11 % à 33% sur l’énergie mondiale consommé, provoquant des erreurs de plus de 20 % et rendant l’harmonisation difficile.

      Ceux qui soutiennent une politique énergétique jouent avec les anomalies de la conversion kWhc en kWhe de façon à étayer leur propre politique, par exemple pour souligner l’inefficacité énergétique du nucléaire et l’efficacité de l’éolien.

       Pour minimiser l’énergie nucléaire, on peut dire qu’elle ne produit que 2,2 % de l’énergie mondiale mais les partisans de la politique opposée montrent que les réacteurs nucléaires pourraient produire presque toute l’électricité du monde, soit 33 % de l’énergie primaire mondiale et cela sans émissions de GES, la (seule) option pour empêcher un fort réchauffement de la planète, potentiellement catastrophique..

       Ce n’est pas une question idéologique. Les industries du gaz naturel et de l’éolien pourraient voir leur chiffre d’affaire s’effondrer si l’importance potentielle du nucléaire, à la fois pour l’économie, pour le climat, pour la préservation des énergies fossiles et pour la sécurité d’approvisionnement, était connue et comprise par ceux qui élisent les décideurs des politiques énergétiques. Les motivations pour entretenir la peur du nucléaire et le mensonge de l’épuisement imminent des ressources nucléaires sont donc puissantes et justifient les moyens extraordinaires dont bénéficient des lobbies antinucléaires.

Retour