Pour fabriquer de l'acier à bas prix, il faut de l'énergie électrique à bas prix.

Mittal et l'énergie

       A l'origine du succès des aciéries Mittal, on trouve le choix de fabriquer des aciers dans des fours électriques, ce qui leur donne une meilleure qualité. Mittal a mis au point des procédés efficients suivant cette technologie et a exploité cet avantage de savoir faire de façon internationale.

      Dans la présentation de sa société, Mittal explique que la fabrication de l'acier est un processus très intensif en énergie. Traduit pour la publicité, cet impératif insiste sur le besoin d'une énergie plus réduite et plus propre.

      La Belgique avait un avantage compétitif à très long terme (plus de 40 ans) car elle pouvait produire de l'électricité nucléaire à un prix très bas même si le coût des énergies fossiles augmentait. Plus de la moitié de l'électricité y était produite par du nucléaire dont le prix de base ne devait pas changer (comptabilité à prix constants). Mittal a donc développé ses usines dans ce pays qui avait par tradition des ouvriers et techniciens bien formés. La Belgique était en effet un pays où la sidérurgie s'était développée au cours des XIXe et XXe siècle.

      En 2011, les idéologies politiques ont remplacé la culture de l'efficacité technologique. Au lieu de choisir les techniques les plus efficaces et les plus économiques du point de vue commercial, la politique a favorisé des choix plus dogmatiques, impressionnée par une campagne de propagande contre le nucléaire. Le résultat est que les économistes peuvent prévoir que le coût technique pour produire de l'électricité va augmenter et peut-être doubler, alors qu'une différence de 15% suffirait pour chasser des industries qui ne peuvent pas se permettre de voir leurs bénéfices chuter de 5%. Les lois du marché libéralisé ne permettent plus d'imposer des prix qui ne reflètent pas les prix de production.

    Depuis de nombreuses années, les financiers avaient des doutes sur le choix de la Belgique pour la sidérurgie. Les compétences techniques du personnel  pouvaient-elles compenser le coût plus élevé des salaires et de la sécurité sociale? D'autres pays avaient acquis ces compétences et avaient des syndicats plus coopératifs.

      La phase à chaud est la première usine pour la préparation de la fabrication de l'acier. Sa localisation  favorise la naissance aux environs des nombreuses usines qui traitent les produits semi-finis. Cette intégration est connue depuis longtemps. Les planificateurs en tiennent compte mais il semble que les planificateurs du gouvernement n'ont pas compris ou n'ont pas pu transmettre au gouvernement wallon les bases économiques qui commandent les installations d'usines et l'emploi.

      Malgré les nombreux signaux qui annonçaient le risque de départ de la sidérurgie, les récentes décisions antinucléaires du gouvernement wallon - qui a repris la politique énergétique jadis gérée par le gouvernement fédéral de la Belgique - ont confirmé que l'époque du courant électrique à bas prix était du passé en Wallonie et qu'il n'y avait plus aucune raison que la sidérurgie y demeure. La perte de plusieurs milliers d'emplois est plus concrète que des croyances sur le nucléaire. Le Vert est une couleur cachant des réalités plus sombres.

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