Groupe d’information sur les éoliennes (La Roche-en-Ardenne)
Dossier sur les coûts et les nuisances des éoliennes
« L’énergie solaire en passe de devenir compétitive ». La Recherche, Juin 2012, pp. 76-79. Propos recueillis par Denis Delpech lors d’un entretien avec Cédric Philibert.
Les commentaires ne portent ici que sur l’article précité mais l'auteur C. Philibert est aussi un signataire d’un rapport AIE sur les perspectives de l’énergie solaire (décembre 2011). Solar Energy Perspectives, 234 pages, ISBN 978-92-64-12457-8, paper €100, PDF €80 (2011). Les rapports généraux de l'AIE donnent des conclusions prudentes mais les résumés pour décideurs et les articles qui y font référence sont les seules parties qui sont diffusées. Ces articles pseudo sérieux sont de gros arguments pour les lobbies et ils prennent la place de toute analyse scientifique qu'on voudrait encore voir apparaître dans les médias.
AIE (IEA en anglais) fournit gratuitement des statistiques sur l’énergie mais vend ses autres rapports au prix d’un panneau photovoltaïque (PV) de 50 Watt crête, un prix qui réduirait fortement le bénéfice éventuel d'un particulier qui s’informerait ainsi sur les PV.
En 2009, un nouveau lobby, International renewable energy Agency (Irena,) a été créé. Cet Irena est née au sein de l'association Eurosolar, et remonte à janvier 1990. Cette agence, résultat d'un long travail mené notamment par Hermann Scheer (père des lois allemandes en faveur des énergies renouvelables, président d'Eurosolar et directeur du Conseil mondial des énergies renouvelables), a été portée par l'Allemagne, le Danemark et l'Espagne et compte aujourd'hui 149 états membres.
En fin 2011, une nouvelle section a été ajoutée à l’AIE (Agence internationale de l’énergie) pour traiter des énergies renouvelables. L’ancienne AIE s’était illustrée en fournissant des analyses d’une grande rigueur scientifique. Une connaissance scientifique fiable était ainsi maintenue par cette agence et d’autres institutions, telles que les Académies nationales et des corps de hauts fonctionnaires (par ex. Cour des comptes). En accusant l’AIE de n’avoir pas fait des énergies renouvelables une priorité, il semble que l’Irena a réussi à s'introduire dans l'AIE et à capter une part de la notoriété de l’AIE pour en faire bénéficier le renouvelable.
Le but de l’analyse de l’article cité dans la colonne de gauche est de montrer que la nouvelle section du renouvelable à l’AIE s’occupe plus de manipulation de l’information que d’analyse technologique et économique de l’énergie.
Dans les vieux pays démocratiques, l’influence des milieux industriels et des ingénieurs a diminué à la fin du XXe siècle. Il n’y a plus que dans les pays émergents, Chine et Inde, que les dirigeants sont issus du monde technique et ont la formation pour comprendre et mener une économie rentable et en croissance. Devant la complexité croissante des règlements gérant l’administration des États occidentaux, ses politiciens ont de plus en plus souvent une formation juridique plutôt que technologique, produisant des règlements plutôt que des décisions industrielles efficaces et rentables.
Les décisions politiques sont aussi de plus en plus influencées par des lobbies, c'est-à-dire, par des agences de relations publiques utilisant les méthodes de la publicité, de la propagande et d’autres formes de persuasion. Ces lobbies ont le but de faire adopter par les politiciens ce qui favorise les intérêts particuliers de leurs clients plutôt que l’intérêt général. Comme la publicité doit exagérer les avantages des produits qu'ils vantent et faire ignorer leurs désavantages, cette méthode a tendance à ignorer les contraintes technologiques et scientifiques, c’est à dire, les faits et les coûts réels.
Pour bien comprendre les questions scientifiques, il faut poser des concepts clairs et utiles. Pour préparer une désinformation efficace, les écoles de relations publiques enseignent qu’il faut faire le contraire.
Voici comment l’AIE, section renouvelable, utilise des concepts qui invitent à la confusion. Il faut faire attention à la description des données dans les rapports de ces agences car les exemples suivants montrent comment elles remplacent subrepticement ce dont elles parlaient par des concepts différents, mélangeant les contextes et appliquant le tout à une partie ou l’inverse.
En 2009, la production d’électricité renouvelable dans le monde (3.214 TWh) se répartit principalement comme suit : hydroélectricité : 84,3% de l’électricité d’origine renouvelable; énergie éolienne : 7% ; biomasse : 6,3% ; géothermie : 1,7% ; énergie solaire : 0,6%. En d’autres termes, l’hydroélectricité a produit plus de onze fois plus d’électricité que les énergies éoliennes et solaires cumulées. En 2011, les parcs éoliens et photovoltaïques ont respectivement généré 2,2% et 0,3% de la production électrique française.
Les renouvelables traditionnels ne sont presque pas subsidiés. L’hydraulique (de l’ordre de 8% de la production globale) et la biomasse (de l’ordre de 6%), soit au total 14%, se maintiennent sans grands subsides. Le solaire photovoltaïque produit 3% du renouvelable, mais à un prix social 10 fois plus élevé que celui de l’électricité fossile. L’éolien produit 6% mais à 3 fois le prix, en produisant de l'intermittent au lieu de courant à la demande. Ces deux technologies, favorites de l’écologie politique, ajoutent 9% de renouvelables mais absorbent la plupart des subsides.
En laissant confondre le prix de l’électricité éolienne avec celui du prix moyen de l’énergie renouvelable sans en soustraire l’hydroélectricité et la biomasse, les lobbies donnent l’impression fausse que l’éolien et le solaire demandent peu de subsides.
Pour désinformer le lecteur, l’article compare comme équivalents du courant intermittent (photovoltaïque ou éolien), du courant de base (nucléaire), et du courant à la demande (turbine à gaz), lesquels sont respectivement dans un rapport de prix/MWh de l’ordre de 20€, 60€ et 90 €.
Le concept de prix a fort évolué dans l’économie moderne où les ingérences publiques dans la sphère économique sont de plus en plus fréquentes. Plus de la moitié de l’argent généré par la production sert aux différents types de versements obligatoires sous forme d’impôts, de taxes et d’assurances sociales. Cela se fait sous contrôle du pouvoir politique qui répartit ensuite les recettes de l’État.
Les agences de communications publiques manipulent les citoyens en mélangeant les significations variables de ce qu’est un prix, une taxe et un subside. L’article analysé ici entretient la confusion entre les prix de gros et de détail de l’électricité, ce qui égare le lecteur dans le sens qui avantage les lobbies.
Le prix de détail de l’électricité est le montant de la facture divisé par le nombre de kWh consommé. Le prix pour un ménage va de 140€/MWh en France à 240€/MWh en Allemagne. Il faut ajouter à ce prix de détail des coûts fixes pour l’abonnement (coût fixe annuel par compteur) et des taxes spéciales.
Un prix de gros (prix d’achat du courant à la sortie de l’usine de production) n’existe pas vraiment puisqu’il s’agit d’un prix variable de quart d’heure en quart d’heure sur le marché libéralisé. Ce prix est fonction de l’offre et de la demande. La libéralisation entraîne habituellement que celui qui produit au moindre coût peut vendre au prix le plus cher du moment puisque tous les prix sont égalisés par le marché. C’est le consommateur qui paye le surcoût.
Ce prix de gros est plus élevé aux périodes de pointe (l’article AIE signale un record de 1700€/MWh). Ce prix est parfois négatif (moins 200€/MWh) en période de surproduction, par exemple de nuit quand les éoliennes produisent trop d’électricité par rapport à la demande. Le cas survient aussi pendant les week-ends et devient d’autant plus fréquent que l’on produit plus d’électricité intermittente, dite fatale, car on ne peut pas interrompre la production des panneaux solaires et des éoliennes (Cela ne provient pas d'une contrainte technique mais d'une règlementation arbitraire favorisant les industries renouvelables). Ainsi, un utilisateur industriel reçoit parfois de l'argent pour consommer le courant produit. Un producteur éolien ou photovoltaïque peut avoir intérêt à livrer même à prix négatif, car il touche alors des subsides (un prix fixe par MWh) payés par les consommateurs.
La notion de « prix » est devenue confuse parce que les comptabilités publiques (subsidiées) et privées (taxées) sont (inextricablement) imbriquées. Comment s’y retrouver ? Les organismes sérieux prennent soin de toujours mentionner comment les prix qu’ils citent sont calculés, incluant ou non des subsides, des taxes ou des pénalités.
L’électricité renouvelable doit être achetée par le réseau quand elle est produite (Cela résulte d'une loi demandée par les lobbies du renouvelable). L’Allemagne a instauré un tarif fixe très élevé pour payer l’électricité produite par le photovoltaïque (feed-in tariff) mais elle a récemment limité la production éolienne qui peut bénéficier de ces subsides. D’autres pays (par exemple, la Belgique) ont adopté le système des certificats verts (en plus d’un prix fixe, le producteur bénéficie de l’électricité qu’il vend sur le marché, en général de l’électricité intermittente à bas prix).
Pour simplifier la discussion dans un contexte international, nous ne parlons ici que d’un subside à prix fixe correspondant à ces deux cas.
Certains types de prix sont ceux qu’emploient un ménage ou une entreprise pour calculer leurs dépenses. C’est en général ce prix de vente qui est mentionné dans les communications au public.
D’autres prix, plus importants pour décider d’une politique de subsides, servent à mesurer l’intérêt général d’un système. Pour simplifier cet aspect, disons que, quand le pouvoir d’achat moyen des citoyens augmente, cela augmente l’intérêt général et inversement. Les relations publiques parlent de coût social mais définissent rarement ce qu’il inclut.
La comptabilité de ce prix social est assez compliquée, car les variations de la fortune totale du pays et de sa dette interviennent dans ce calcul. L’estimation de la valeur d’un investissement est peu fiable, changeant avec les crises. La diminution de valeur suite à une destruction des biens ou de la nature est difficile à estimer. Il faut éliminer des calculs l’effet de l’inflation et de l’augmentation de la population, ce qui complique sérieusement la préparation des statistiques valables de l’économie. Les promoteurs jouent aussi sur la durée de vie des investissements.
Les agences de publicité s’ingénient à présenter les prix pour atténuer l’impression de coût que ressent le client. Le prix de l’électricité devient aussi de plus en plus opaque, bien que donnant l’impression d’un marché libre.
L’article cité ignore le problème de la signification de ses prix. L’article n’indique pas clairement que les prix de détail cités incluent des subsides, ce qui change du tout au tout le sens du mot « compétitif » dans le titre.
Un ménage, ayant installé des panneaux solaires, fait d’abord de l’autoconsommation, utilisant sa propre électricité photovoltaïque sans rien payer au réseau. S’il produit plus, il peut vendre le surplus au réseau à un prix fixé et d’ailleurs payé par des subsides.
L’autoconsommation est dite compétitive dans l’article mais l’usager ne contribue alors ni aux frais généraux du réseau, ni au backup de l'intermittent, ni au coût de renforcement du réseau requis pour le renouvelable, ni aux taxes, ni aux subsides reportés dans les prix de détail facturés à tous les consommateurs.
Produire sa propre électricité serait une solution rentable pour de nombreux industriels qui ne contribueraient pas alors aux dépenses pour le réseau électrique. Mais les services publics interdisent habituellement cette pratique ou l’encadrent dans une comptabilité spéciale où les frais généraux du réseau sont ajoutés. En effet, tout auto-consommateur bénéficie du backup du réseau si, à n’importe quel moment, sa production propre ne correspond pas à sa consommation propre. Ce service onéreux doit être remboursé dans une distribution réaliste des coûts.
Le fait que les autorités n’aient jamais fait un calcul sérieux pour déterminer le prix du backup montre que l’on n’est plus dans le domaine scientifique ou technique mais dans la communication publique orchestrée par des lobbies.
Le pouvoir politique qui a organisé les méthodes de financement du renouvelable a manipulé la notion de libre concurrence. Voici des exemples qui lui ont permis de fausser le marché. (1) Le renouvelable a priorité d’accès au réseau, un avantage considérable mais dont le rapport coût/bénéfice n’est pas inclu dans les comptabilités. (2) Le renouvelable est souvent dispensé de payer sa part dans les services qu’il reçoit du réseau et du backup.
L’article analysé valorise le prix de la consommation évitée comme étant celui du prix de détail (une équivalence erronée en économie) et considère ainsi comme un droit gratuit le fait d’avoir un backup par le réseau au cas où les panneaux solaires ne fourniraient pas assez de puissance.
L’article manipule le prix de l’autoconsommation en oubliant de citer l’amortissement des frais d’installation et d’entretien du système photovoltaïque de l’habitation. Sa conclusion (compétitivité du prix de détail et du prix évité de l’auto consommation) ne découle donc pas de ce qui est traité.
Pour évaluer les alternatives à des systèmes complexes et intégrés, une méthode fiable est de calculer le coût global de chaque méthode. Cela définit un prix qui a la même signification dans chaque méthode et restreint la comparaison à des éléments définis par un même type de prix.
Le gestionnaire de réseau a les données de consommation et est normalement chargé de la comptabilité et des subsides. Les dépenses (certificats verts ou prix fixes) pour subsidier le renouvelable (photovoltaïque, vent, autres) sont globalisées et redistribuées par une augmentation automatique répartie sur le prix de l’électricité pour tous les consommateurs. Le gestionnaire y ajoute par la même occasion ses propres frais pour les investissements et l’entretien du réseau et pour les autres acteurs (régulateurs).
Après avoir calculé les dépenses pour un scénario réaliste et appliqué les transferts de coûts, une étude transparente pourrait calculer ce que les organismes publics (principalement le réseau) dépensent en plus pour le solaire (investissements du réseau, aides à la construction, subsides) et l’éolien et donc ce qui sera ajouté automatiquement aux factures d’électricité des consommateurs (dont certains sont aussi des producteurs d’électricité solaire).
Le piège du renouvelable a été ourdi de façon à ce que les gestionnaires du réseau soient obligés d’investir pour augmenter la capacité du réseau puisque le règlement les oblige à accepter l’énergie renouvelable quand elle se présente. Pour que ce règlement forçant à la dépense soit accepté, les arnaqueurs ont prévu que le gestionnaire pourra automatiquement récupérer ses investissements en les ajoutant aux factures de tous les utilisateurs.
Celui qui a conçu cette arnaque est le fameux escroc, Ken Lay, qui avait appris son métier en organisant la plus grande arnaque du XXème siècle à Enron, une arnaque qui profite encore à de nombreux responsables pas pressés de la supprimer.
Le piège à un corollaire particulièrement vicieux. Il permet au gestionnaire du réseau de ne pas avoir à demander l’autorisation de faire des investissements, ce qui est une négation de l’économie traditionnelle avec la conséquence que les États et les citoyens subissent un endettement sans que le parlement ou les conseils d'administration ne puissent contrôler ces déficits.
Pour un plan comptable du solaire, il faudrait avoir des données (subsides à l’installation, feed-in tariff, prix d’achat de l’électricité envoyée dans le réseau). Un règlement récent limite la quantité d’électricité qu’un producteur PV peut vendre (de 80% à 90% d’après l’article), ce qui complique la comptabilité mais ne restreint pas l’accroissement des dépenses.
Comme il arrive de plus en plus souvent qu’un réseau local ne puisse pas supporter la charge exagérée d’électricité intermittente fatale et que ses disjoncteurs sautent quand on équipe toutes les maisons d’une zone et que les lignes sont saturées par une journée ensoleillée, le gestionnaire est en principe tenu d’investir dans le renforcement du réseau local, un investissement difficile à estimer avec la non-transparence habituelle des services publics et dont personne n’étudie d’ailleurs la rentabilité. On essaie actuellement de créer des eurobonds ou des emprunts pour les infrastructures internationales mais cela ne sont que des façons cachées d'augmenter la dette.
Une étude pourrait ainsi établir quel est le prix total de ces systèmes et mesurer quel est le coût du MWh pour les consommateurs moyens et les consommateurs qui sont aussi producteurs et vérifier s’il y a économie. L’article cité ne commence même pas ce genre de calcul et ne peut donc pas trouver des coûts réalistes.
Le calcul devient vite compliqué car il faut tenir compte des règlements détaillés qui s’appliquent, non seulement aux résidents privés, mais à tous les types d’industrie ayant aussi installé des panneaux solaires. Il semble qu’une politique de non transparence entraîne que ce genre de calcul ne soit pas explicité et publié.
Les subsides sont conçus pour que les habitants qui ont installé des panneaux solaires aient un petit bénéfice personnel par rapport à ceux qui ne l’ont pas fait mais tous les consommateurs doivent payer l’énorme augmentation globale de l’électricité qui résulte des subsides aux nouveaux types de renouvelable.
La méthode de calcul décrite ici a été appliquée, en première approximation, au groupe de ces nouveaux renouvelables et elle montre qu’ils font augmenter le prix de gros (prix moyen) pour tous les consommateurs de (3% x 10 + 6% x 3 =) 48%, sans compter l’augmentation des coûts du réseau ou du backup. L’ensemble provoque, disons, un doublement du prix de l’électricité, ce qui correspond à ce qui est maintenant observé mais, comme les engagements du renouvelable se font pour 15 ou 20 ans, cette augmentation n’est encore qu’à son début.
Cette complexité du calcul et le montant de ce résultat ne peuvent absolument pas se déduire de l’article analysé, lequel prétend s’occuper du prix du solaire et de sa compétitivité mais, ainsi qu’on le constate, ne donne aucun repère comptable utile. L’article ne correspond pas à son titre et ne contient que des considérations générales sur le solaire, considérations dont on ne peut tirer aucun résultat chiffré significatif.
On doit en déduire que la nouvelle AIE, section renouvelable utilise cette agence comme un lobby et non comme une source de connaissance sérieuse. L’article confirme que la rigueur économique a été sacrifiée dans la nouvelle section de l’AIE.
Si la trop grande rigueur en matière économique était ce qui était reproché à l’ancienne AIE par ceux qui voulaient la transformer en lobby dévoué, cet article montre qu’ils ont réussi aux dépens de l’intérêt général.
L’article rappelle que le système du réseau global électrique est conçu pour satisfaire à la demande même quand aucun renouvelable n’est produit (puisqu’il peut n’y avoir ni soleil, ni vent). L’AIE, section renouvelable, en déduit que l’adjonction de centrales éoliennes ou photovoltaïques ne nécessite aucune centrale thermique supplémentaire, ce qui est correct mais n'est pas le calcul à faire pour établir le coût.
Le lecteur devrait en déduire que le renouvelable ne réduit en rien les investissements en centrales thermiques mais l’article oublie de mentionner aussi que ces centrales existantes doivent maintenant marcher de façon irrégulière, ayant ainsi un moindre rendement financier - un même capital immobilisé pour une production réduite - et un moindre rendement écologique - rendement diminué et combustion irrégulière imparfaite produisant proportionnellement plus de polluants (NO2 et CO) et plus de gaz à effet de serre (CO2)
A partir du moment où l’article cité quitte le domaine de ce qui est réalisé quelque part et se préoccupe de ce qui pourrait être fait si les technologies étaient réalisables, tout réalisme disparaît dans ce domaine de la prévision sans frein.
Sauf l’apport de quelques barrages dans des sites naturels déjà occupés, les STEP sont le seul moyen de stockage pratique de l’électricité.
L’article suppose que la pleine puissance des STEP sert pour le solaire mais d’autres études supposent que les STEP servent exclusivement au nucléaire pour certains, à l’éolien pour d’autres. L’usage des STEP pour le renouvelable se heurte à cette difficulté que l’article ne signale pas.
L’article fait croire que construire des STEP n’est pas cher et qu’il y en a de plus en plus qui sont disponibles. C’est faux : Construire des STEP de grande capacité, c'est-à-dire, ayant des volumes importants dans leur réservoir supérieur, est extrêmement cher et ne se justifie que pour des stockages de courtes durée (stockage de nuit utilisé le jour suivant dans le cas des centrales nucléaires) et pas pour des stockage entre périodes ensoleillées ou couvertes ou entre périodes venteuses et périodes de calme (qui surviennent après des délais mesurés en semaines).
L’article présente des
projets de développement du solaire, écartés par l’AIE
traditionnelle comme non rentables et ne pouvant justifier que des
fonds de recherche, mais pas des subsides de production.
Le rapport propose ainsi de relocaliser la construction d’une
centrale solaire gigantesque au Maroc pour l’installer plus proche
d’une mine de charbon. Ce genre d’information fait croire qu’il est
moins cher de transporter de l’électricité que du charbon, alors que
c’est le contraire et de façon flagrante.
Le charbon coûte, disons,
30 fois moins cher à transporter que l’électricité, même en
employant des lignes à très haute tension. Qu’une nouvelle section
de l’AIE puisse émettre de pareilles désinformations est inquiétant.
Transporter de l’électricité intermittente depuis le Maroc ou la Norvège vers l’Europe a un coût énorme et suggérer cette option sans une analyse économique des coûts/bénéfices est de la désinformation ou de la manipulation, si ce n’est pas de l’incompétence.
L’article analysé ici semble rédigé par un lobby ou une agence de publicité et non par une agence scientifique fiable.
La comparaison avec l’électricité nucléaire est manipulée comme suit. La Cour des Comptes française a estimé le prix de revient du nucléaire EPR entre 70 et 90 €/MWh mais avait cité d’autres prix pour le nucléaire actuel, partiellement amorti (prix qui n’apparaissent pas dans l’article). Le rapport ne signale pas que le prix EPR est le prix de production par un prototype, dont le prix sera plus proche de 40 à 60€ si les investissements de mise au point du prototype sont amortis sur plusieurs réacteurs.
Bien des technologies deviennent de plus en plus chères. En particulier, toutes celles qui font appel à des choses rares : pétrole, paysages ruraux, aimants permanents en terres rares, fleuves à réchauffer, spécialistes en technologie, main d’œuvre qualifiée.
La théorie économique traditionnelle recommande de financer de la recherche si l’on espère que la technologie deviendra rentable et permettra de rembourser cet investissement et espérer ensuite des bénéfices. Comme le gros investissement pour des recherches fondamentales représente un risque trop important pour des entreprises privées, la recherche est souvent financée par les États, souvent à l’occasion de guerres. C’est ainsi que les recherches militaires des deux guerres mondiales et de la guerre froide ont accru l’innovation et, malgré les destructions des guerres, ont été suivies par des périodes de productivité améliorée, chacune pendant, disons, 10 ans.
Une théorie à la mode (dans la communauté européenne) estime que le prix de fabrication d’un bien (ici les PV) diminue rapidement avec le volume de production. (Source de l'image: Philibert). Cette théorie a été observée pour la production des premières voitures et de quelques biens de consommation courante et immédiatement rentables (télévisions, ordinateurs, machines à laver) mais elle n'est pas une loi générale car elle n'est pas vérifiée dans d’autres cas historiques.
Cette théorie n’est correcte que dans les domaines où une grande variété d’innovations sont possibles et peuvent être développées par une population diversifiée d’inventeurs et de chercheurs, ce qui n’est pas le cas de l’éolien, de l’hydraulique et de la plupart des renouvelables. Supposer que le développement des moulins à vent est semblable à celui de l’informatique est une prévision sans fondement.
Cette théorie prédit un effet positif de l’innovation sur de longues périodes. Cette théorie n’est pas fort justifiée mais elle a été adoptée par des lobbies dont le but est de justifier les subsides pour de nouvelles technologies.
L’article parle du rendement des cellules photovoltaïque et, curieusement, prédit qu’il ne faut pas espérer des grandes innovations qui rendraient les cellules utilisées sur des satellites (rendement: 40%) financièrement concurrentielles avec des cellules à bas prix et à rendement limité entre 5% et 20%. La théorie à la mode ne cherche le progrès que dans des processus de fabrication moins onéreux. L’erreur est que le progrès technique se fait surtout sur la conception des éléments physiques tandis que ce qui rapporte aux clients des lobbies, ce sont surtout des subsides à la production.
Depuis des dizaines d’années, les promoteurs annoncent que le prix de l’éolien et du photovoltaïque va diminuer, mais cela ne s’est jamais matérialisé pour l’éolien et reste du domaine des prévisions pour le solaire. D’après l’article, de 1976 à 2012, le prix des panneaux photovoltaïque a diminué de 20% pour chaque doublement de capacité. Si les premiers PV produisaient au départ à un coût 20 fois plus cher que le prix de l’énergie fossile, il faudrait 13 étapes de doublement pour que le prix atteigne 5% du prix initial et soit compétitif tandis que la production serait multipliée par 8000. Ce calcul néglige que le prix de l’énergie intermittente n'est que de 20% de celui de l’électricité à la demande. Comme on connaît mal les points de départ, ce calcul est peu vérifiable et sans grande signification. Sans beaucoup d’éclaircissements, l’article en déduit pourtant que le prix du PV sera en 2020 de 60 à 90€/MWh.
Le prix actuel est de 2$/Wc en 2010. Un panneau de 1kWc (2000$) produit un MWh/an avec un facteur de charge de 11% (1000h), soit, pour un amortissement de capital sur 20 ans de 400$ et quelques frais d’entretien pour le même montant, quatre fois le prix de l’électricité ordinaire à la demande (100$/MWh et 20 fois le prix de l’électricité intermittente). L'éolien est plus rentable autour de la Méditerranée que dans le nord de l'Europe.
En examinant le graphique de la courbe d’apprentissage (Slide 29, Breyer and Gerlach 2010), on constate que le prix de 4$/Whc (stable de 2002 à 2008) est descendu à 2$/Whc à partir de 2009, alors que la production décuplait, passant de 3 GW à 30 GW. La cause en était l’exportation de PV chinois produit avec une main d’œuvre à moitié prix et des matériaux moins chers. Des fabricants de PV aux US et en Europe sont alors tombés en faillite devant cette concurrence.
L’extrapolation de la réduction est discutable car la part du support par rapport aux semi-conducteurs devient de plus en plus importante et ne se réduit pas à ma même vitesse.
Dans une présentation de Cédric Philibert, (Slide 29 of Solar Energy Perspectives, 5 juillet 2011), l’auteur pose la question: « Les subsides suivent-ils assez rapidement la chute de prix descendant des panneaux solaires ? » et il donne la réponse : « Les politiques de subsides ne s’adaptent pas suffisamment vite ».
L’article ne porte aucune trace de ce scandale : Les PV continuent à recevoir des subsides indécents en Belgique et dans d’autres pays, subsides payés par l’augmentation des factures d’électricité, légalement assurée pour les 20 prochaines années.
Il y a de nombreuses façons d’exploiter le solaire, soit en réchauffant sa maison par l’effet de serre d’une maison passive, soit par des PV. On peut aussi avoir des solutions hybrides. Il n’est pas du tout prouvé (ou même sérieusement étudié) que les PV sont plus intéressants que le solaire thermique. Les réalisations actuelles montrent le contraire car de nombreuses personnes utilisent le solaire thermique sans subsides.
Les centrales thermiques n’utilisent pas l’énergie directe du soleil mais la différence entre la source chaude (les radiations du soleil) et une source froide. Pour exploiter le solaire thermique dans le désert où il n’y a pas d’eau pour refroidir, il faut utiliser l’air ambiant, une solution chère et au rendement faible. Les recherches générales portant sur l’énergie oublient que le problème des pays chauds est de se protéger du soleil et ne correspond pas à celui de l’hiver dans les pays chauds. On y utilise l’électricité pour faire fonctionner des réfrigérateurs.
L’article recommande des subsides pour les PV avant d’avoir étudié si le capital limité disponible ne serait pas mieux utilisé pour des solutions thermiques.
Il est normal d’entreprendre des recherches pour étudier toute solution plausible mais ce n’est pas ce qui est proposé par les instances supranationales, peu au fait de l’économie réelle ou trop dépendantes des lobbies. Seuls les investissements de recherche sont justifiés pour les technologies non rentables. Il n’est par normal de distribuer des subsides de production pour des solutions inadaptées ou non prouvées.
L’article signale l’intérêt du solaire à concentration qui chauffe un four servant à alimenter une centrale thermique conventionnelle. Cela permet de stocker quelques heures de l’énergie sous forme de chaleur, une technologie existante bien qu’encore d’un prix prohibitif (Entretien d'un circuit d'eau salée, de réservoirs et d'échangeurs).
Le solaire thermique pourrait être plus utile que le photovoltaïque et rendre inutile la course ruineuse pour produire des panneaux solaires de moins en moins chers alors que cette technologie est encore pour longtemps non rentable et sera peut-être vouée à l’oubli.
Dans la compétition des technologies thermiques et photovoltaïques, la production d’électricité solaire sera probablement abandonnée par rapport à la production directe ou hybride de chaleur solaire, plus efficace et moins chère.
Le scandale du solaire, tel que souligné par Vahrenholt en Allemagne, est que le solaire par PV n’est pas rentable et que les médias cachent cet aspect (ce qui rapporte aux vendeurs de PV qui font actuellement une publicité agressive au détriment de ceux qui doivent payer une facture d’électricité gonflée pour distribuer des subsides aux fabricants de PV).
L’autre scandale, dont l’Europe est responsable, est que, en économie, la recherche est justifiée mais les subsides à la production ne sont pas.
Autre référence, trop volumineuse pour diffuser de l'information technique mais exploitable par les lobbies: Energy Technology Perspectives 2012, 690 pages, ISBN 978-92-64-17488-7, paper €150, PDF €120 (2012).