Groupe d’information sur les éoliennes (La Roche-en-Ardenne)
Dossier sur les coûts et les nuisances des éoliennes
Une campagne pour utiliser du gaz naturel au lieu de nucléaire est organisée de façon originale par un pétrolier texan milliardaire. L'originalité du plan est qu'il est camouflé sous un plan pour la promotion du vent. Les informations ont été obtenues sur son site. Des phrases extraites de ce site sont recopiées ici en italiques.
Ce milliardaire a fait sa fortune dans le pétrole, ce qui lui donne beaucoup d’autorité aux USA pour convaincre des militants d’appuyer son plan.
Son père était dans des affaires de pétrole. Sa mère s’est occupée du rationnement de l’essence en 1940-45. Il devient géologue et travaille 4 ans chez un pétrolier (Philips Petroleum).
En 1956, après des travaux personnels de prospection, il devient pétrolier indépendant et principal fondateur de « Mesa Petroleum ». Pendant 40 ans, de 1964 à 1996, Mesa extrait 80 MTep de gaz naturel et 20 MTep de pétrole. À 300 €/MTep, le chiffre d’affaire de Mesa aurait été : 30 G€. Comme il trouve 4 fois plus de gaz que de pétrole, Pickens est surtout intéressé par la valorisation du gaz naturel.
À 80 ans, Pickens annonce son plan pour résoudre la crise du pétrole aux USA, ce qui veut dire pour lui, la réduction du pétrole importé.
Après s’être lamenté que les USA importent 70 % de leur pétrole au prix de 700 G€ par an (chiffre fluctuant avec le cours du pétrole), Pickens propose de remplacer le pétrole par du gaz naturel pour la génération d’électricité et pour le transport.
Le plan de Pickens est basé sur les deux observations suivantes. (Dans le contexte de désinformation sur l'énergie, il convient de remarquer que ces observations semblent exactes.)
« L’Amérique du nord a la chance d’avoir une abondance de gaz naturel local, propre et bon marché. » « Le gaz naturel est notre seconde plus large ressource d’énergie (après le charbon)… ». « Les réserves de gaz des USA (en Tep) sont le double de celles du pétrole… Surtout à cause de meilleures méthodes de forage, nos réserves ont doublé au cours des 5 dernières années et on s’attend à ce qu’elles doublent encore pendant les 5 prochaines années ». « Une étude récente publiée par l’American Clean Skies Foundation indique que nous avons assez de gaz naturel pour plus de 100 ans ».
Les batteries vont pouvoir faire bouger les véhicules légers mais cela n’est pas possible pour les camions. 20 % du pétrole importé aux USA est transformé en diesel pour faire rouler les camions 18 roues, lesquels pourraient aussi bien fonctionner au gaz comprimé.
Les autobus, les taxis, les camionnettes de livraison et les véhicules municipaux, qui rentrent souvent à leur garage, doivent être convertis au « gaz naturel comprimé ». 20 % des autobus urbains des USA sont déjà équipés ainsi.
La voiture à gaz comprimé, comme la Honda Civic construite aux USA, émet 23 % moins de CO2 qu’une voiture équivalente à l’essence et 30 % de moins qu’une au diesel. En plus, elle émet bien moins de particules et de produits chimiques dangereux. La bombonne réservoir de la Honda Civic ne contient que l’équivalent de 32 litres d’essence. Bien que ce réservoir soit plus lourd que le réservoir d’essence classique, il résiste mieux aux chocs d’accidents et permet des trajets urbains d'au moins 250 km entre pompes. Des camions roulant au gaz comprimé ne présentent pas beaucoup de problèmes techniques de conception.
Si une maison est raccordée au gaz naturel, il est facile d’installer une pompe locale pour faire le plein. Le mazout de chauffage sans taxes peut être aussi utilisé pour faire le plein de diesel mais cela est combattu par un système de coloration indélébile du mazout. Aucun système de coloration du combustible ne fonctionne encore pour le gaz, ce qui posera un problème aux collecteurs d’accises en Europe. Gazprom a proposé aux Européens de développer le transport par gaz naturel comprimé.
Tel que présenté jusqu’ici, ce plan Pickens n’arriverait pas à faire l’unanimité car il n’est qu’une solution provisoire pour quelques dizaines d’années. Comment le rendre plus complet ?
« Le gaz naturel n’est pas une solution complète et permanente. Il nous permet de gagner du temps pour découvrir des nouvelles technologies qui remplaceront finalement le pétrole importé. » « Nous avons besoin de toute l’énergie que nous pouvons produire: nouvelles sources d’hydrocarbures, de charbon, de nucléaire et de renouvelables ».
Toute l’électricité pourrait être produite par le nucléaire mais cela ne conviendrait pas d’une part aux pétroliers qui vendent le gaz naturel et le fuel générant 25 % de l’électricité et d’autre part aux écologistes qui ont pris au sérieux la campagne antinucléaire.
Pickens se rend compte qu’il faut faire croire que le plan permettra plus tard de se passer du pétrole importé et du nucléaire. Il propose un plan plus élaboré où est ajoutée une production éolienne. Sa campagne met en avant ce qui favorise le développement de l'éolien aux USA. Il dit que les USA bénéficient de vents forts sur la face ouest des Montagnes rocheuses qui s’étendent Nord-Sud jusqu’au Texas.
Pickens a probablement expliqué à ses collègues pétroliers que le danger concurrentiel est le nucléaire mais que l’éolien garantit au contraire que l’on sera obligé d'utiliser de 70 à 80 % de gaz naturel, lequel est presque indispensable pour les centrales d’appoint de l’éolien. Comme le complément variable à l’intermittence du vent ne peut pas être fourni par le nucléaire, Pickens arrive ainsi, sans être ouvertement antinucléaire, à gêner le développement nucléaire.
Le site de Pickens se garde bien d’expliquer la complexité des problèmes soulevés par l’intermittence du vent et de chiffrer le coût de l'amélioration nécessaire du réseau électrique. Il ne dit pas que son volet éolien ne tiendra que tant que des politiciens oseront le soutenir par d’énormes subsides.
La présentation du plan sur Internet est construite autour de quelques interviews dont les vidéos peuvent être récupérés par des stations de télévision. Les interviewers ont été drillés pour poser les bonnes questions et pour accepter les réponses.
Quand on demande à Pickens si ces milliers d’éoliennes ne vont pas poser des problèmes d’environnement, il raconte qu’il vient de rencontrer un de ses amis qui s’occupe du « Sierra Club », une des plus anciennes (1892) et respectables ONG environnementales. Celui-ci lui a certifié que ses collègues ne voyaient pas d’inconvénients majeurs. L’affaire est ainsi résolue.
Engdahl [112] explique que les grandes ONG environnementales, « WWF », « Sierra Club », « Amis de la Terre », sont financées principalement par des pétroliers.
Pickens milite pour que le Congrès inclue des subsides dans le grand « Stimulus pour sortir de la crise financière ». (Les subsides sont des taxes négatives et sont parfois assimilés à des “Tax Credit” aux USA) :
Pickens réclame aussi de l’administration qu’elle construise (aux frais des consommateurs) des nouvelles lignes haute tension (HT) pour transporter le courant des éoliennes du Texas vers les utilisateurs et qu’elle transforme le réseau de production, transmission et production en un réseau surdimensionné pour qu'un vaste surplus d’électricité éolienne puisse le parcourir de façon aléatoire. Il voudrait qu’on le construise comme on avait construit l’Interstate Highway System sous Eisenhower dans les années 1950, en considérant qu’il s’agissait d’une politique urgente permettant d’exproprier sans difficultés administratives les zones de passage. Hitler avait supporté un plan autoritaire de construction d'autoroutes allemandes pour des raisons militaires pour transporter des troupes sur les frontières.
Le site de Pickens participe, comme tout lobby éolien, à la désinformation sur les avantages supposés de l’éolien. On nous fait croire que l’éolien a des facteurs de charge jusqu’à 40 %, qu’il crée un énorme nombre d’emplois locaux qui deviennent permanents puisqu’on ne peut plus délocaliser un parc éolien.
Pickens a déclaré dans une interview : « Ne croyez pas que je sois devenu un écologiste. Mon business est de faire de l’argent et je pense que cela va générer énormément d’argent ». (The Guardian (U.K.), Apr. 14, 2008).
Très peu d'éolien a été installé récemment aux USA car les promoteurs attendent que le Congrès accepte le "Stimulus économique". Ce stimulus semble pouvoir financer de l'éolien mais demande parfois que les États acceptent de financer une grosse partie des subsides éoliens, ce qui est une procédure longue et non garantie. Pickens annonce donc que son plan éolien est retardé. On pense que de l'éolien côtier plus proche des utilisateurs sera d'abord installé car il faudra des années avant qu'un décideur politique accepte que ses électeurs financent le coût exorbitant d'un réseau national qui n'est ni très utile ni très urgent.
Les Américains, contrairement aux Européens, sont très attentifs à la question : « Qui va payer ?» pour toute décision. Il n'y est pas possible de laisser ignorer, comme en Europe, que ceux qui ont un compteur électrique seront ceux qui seront obligés de financer le surcoût de l'éolien et du futur réseau.
Le plan de Pickens semble se réaliser sans son volet éolien puisque un ensemble de lois pour subsidier les véhicules à gaz et leur réseau d'approvisionnement est introduit à Washington. La partie la plus sensée et la plus importante du plan va réussir pour les vendeurs de gaz naturel. Plutôt que de s'occuper du protocole mal ficelé de Copenhague qui devrait remplacer celui de Kyoto, le sénateur Lieberman trouve plus urgent d'aider une énergie propre qui est celle du nucléaire. Les dirigeants du G8 semblent avoir compris que la question des renouvelables a été montée comme une gigantesque baudruche car ils ont choisi d'attendre. Les accords récents du G8 pour limiter le réchauffement en 2050 laissent le temps de constater à quelle vitesse le réchauffement progresse avant de détruire inutilement le charme de la planète par des éoliennes et de saborder l'économie par des restrictions qui pourraient s'avérer inutiles.
Ce sont les USA qui ont pris dans les années 1980 l'initiative de la contestation contre la destruction éolienne des paysages, en particulier pour préserver le magnifique site de Cape Cod. (Les promoteurs éoliens ont réagi en inventant alors le mot Nimby et d'autres slogans). La défense des riverains est aussi active aux USA qu'en Europe et est bien organisée. Les installations éoliennes dans des régions assez désertiques (qui existent encore aux USA) ont des chances meilleures d'être acceptées que celles proches de riverains. Des arguments clairs sont expliqués dans un tract traduit en français.
En définitive, le plan Pickens ne diffère pas des autres plans sur le renouvelable, concoctés au moment de la chute du régime soviétique et de la privatisation des ressources énergétiques de la Russie, plans repris par la Commission européenne et qu’elle essaiera de faire passer à la Conférence de Copenhague en décembre 2009.
M. Pickens a le mérite de dire franchement qu’un des buts de ce genre de Plan est de vendre plus de gaz naturel. Est-ce que ce Plan est transposable des USA à l’Europe ? Non, car l’Europe a peu de réserves de gaz naturel. Il serait transposable si la Russie (qui a d’énormes réserves de gaz naturel) faisait partie de l’Europe et que l’approvisionnement en gaz soit ainsi sécurisé.
Actuellement, un plan européen de type Pickens serait un risque sérieux pour la sécurité. L’Europe a d’ailleurs la possibilité technique d’un Plan de rechange nucléaire avec un approvisionnement stockable sûr, une technologie qu’elle a maîtrisé parfaitement et qui émet un minimum de gaz à effet de serre.